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mardi 4 février 2020

Pour ton bien - quand la vie ne tient qu'à un fil


3 jours après ta sortie d’hôpital, nous organisons ton retour à domicile car c’est ton souhait le plus cher : quitter le milieu médical et rentrer chez toi.
Après une bataille pour l’organiser, nous mettons en place les conditions appropriées qui te permettrons de pouvoir rester à domicile.
Nous intégrons de nouveaux besoins qui seront gérés par les aides à domicile et nous insistons sur la sécurité même s’il est difficile pour toi d’accepter des aménagements dans ton univers.
Tu souhaites conserver le maximum d’autonomie et nous t’y encourageons mais dans un cadre sécurisé.


Dès ta sortie, nous discutons de la gestion du linge sale, au choix nous nous en chargeons ou tu continues à faire de petites lessives que tu accroches sur un étendoir. Terminé le fil à linge installé au plafond que tu dois atteindre en montant en équilibre sur une chaise.
A ce moment-là, je pars avec ta parole.
Le lendemain matin, je reçois un appel me signalant que tu es monté sur ta chaise pour accrocher ton linge et que « c’est dangereux Madame »…
Bref, grosse déception mais il faut réagir pour éviter que tu sois en danger.


J’arrive ce matin-là, je me sens obligée de mettre ma casquette de maman :« Nous avions discuté du fait qu’il est périlleux d’être en équilibre sur une chaise à 88 ans mais hier tu as pris ce risque.
Je suis déçue car nous souhaitons te laisser le maximum d’autonomie mais pour cela nous avons besoin de pouvoir avoir confiance en toi.
Je ne veux pas que tu arrêtes de faire ta lessive, je veux simplement que tu la fasses dans des conditions sécurisées en l’accrochant sur un étendoir et pas en en équilibre sur une chaise.
Ça ne va pas te faire plaisir mais pour éviter que cette situation ne se reproduise je vais donc couper le fil à linge »
Tu me réponds « Oui je sais c’est dangereux… »


Un long silence s’installe et je coupe ce fil.
Tu es là assis sur ta chaise, les yeux baissés, comme un enfant qui sait qu’il a fait une bêtise.


Moi je suis comme une maman qui punit son enfant alors qu’elle n’en a pas envie, qui le fait « pour son bien ».
Ma gorge se noue, je mesure qu’il est difficile de faire le bon choix « pour le bien » des autres.


A cet instant, je sais ce qui se joue en toi. Je te prive de faire quelquechose, je change tes habitudes, tu as l’impression que ton autonomie diminue un peu plus, tu te sens rabaissé, diminué.


Agir « Pour le bien » des autres, c’est penser qu’ils ne sont pas en capacité de prendre les bonnes décisions pour eux-mêmes et la frontière est difficile entre intrusion et protection. Ce rôle d’aidant est une source de réflexion, je recherche encore la meilleure posture à adopter.
Mais je reste convaincue que la sécurité est importante, que tu ne peux pas continuer à te mettre en danger juste parce que « tu as toujours fais comme çà ».


Aujourd’hui, tu as besoin d’être entouré au quotidien, je suis certaine que cela peut te permettre de conserver le maximum d’autonomie tout en s’adaptant à tes besoins.
Je suis là dans cet objectif, convaincue que l’amour, la discussion et la confiance seront les clefs d’un bon accompagnement.

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