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jeudi 17 mai 2018

Mes nuits partagées – Témoignage autour du sommeil d’une maman et de sa fille




Quand j’étais enceinte, nous avons soigneusement préparé la chambre de bébé.
Nous avions installé son lit et un petit fauteuil pour pouvoir l’allaiter tranquillement sans devoir descendre.
Et puis, le 16 Octobre 2014, ma fille est née.
Ce jour-là, j’ai eu mon bébé dans les bras.
Le premier soir à l’hôpital, elle s’était endormie et nous l’avons déposé dans son lit.
Nous étions à peine endormis, qu’elle s’est réveillée, petite tétée et puis je l’ai regardé longuement, j’ai somnolé toute la nuit entre l’extase de la sentir contre moi et la fatigue qui me rattrapait.
Et puis voilà, nous n’allions pas continuer à vivre dans cette chambre d’hôpital de 10m3, à la sortie de l’hôpital, nous avons immédiatement acheté un baby phone.
On a vite compris que ce n’était pas efficace, aux premiers pleurs, il ne s’est pas déclenché !..
En fait, dans notre maison, une fois sur deux, le baby phone ne se déclenche pas.
La première nuit à la maison fut difficile, au début, j’ai posé mon bébé dans son lit à barreau, beaucoup trop grand pour elle, et je suis restée assise dans le fauteuil à l’observer.
J’y allais de temps en temps, est ce qu’elle respirait bien ? Oui, ouf…
Puis l’allaitement, puis j’ai essayé de la remettre au lit, elle pleurait et s’agitait alors on est descendu dans le canapé pour rester l’une contre l’autre.
Le lendemain, je me suis dit que les nuits ne pouvaient pas toute être ainsi à me voir faire des allers retours incessants et à vivre difficilement cette séparation.
Mon compagnon m’a toujours surnommé « La Marmotte », j’ai toujours eu besoin d’un grand sommeil,  alors il fallait que je puisse aménager des temps de repos pour assurer les 14 tétées journalières qui scindaient mon sommeil.
Il fallait qu’elle soit près de moi pour que je puisse me rassurer en ouvrant un œil que tout allait bien.
Nous avons loué un petit berceau transparent qui a intégré la chambre en se disant que notre fille s’installerait provisoirement avec nous.
C’était il y a 3 ans !...


Quand nous avons rendu le berceau transparent, nous avons installé un lit à barreaux dans notre chambre.
De manière générale, dès qu’on la posait dans un lit, elle se réveillait.
Régulièrement, j’ai essayé de la mettre seule dans son lit pour s’endormir, nous avons essayé toutes les techniques, l’enrouler dans une couverture pour ne pas que le changement de température des bras vers le lit ne la réveille, techniques de contorsion pour s’extirper de la chambre sans bruit, une fois au désespoir, j’ai même testé le tant pis je vais la laisse pleurer un peu elle va finir par s’endormir… et bien non.

Ses cris dans la nuit, sa façon de se débattre en dormant et de se rendormir instantanément parce qu’elle se rassure en posant une main sur ma joue, ce qu’elle vit est intense et nous dépasse.
En période d’angoisse, elle nous cherche perpétuellement.

Le sommeil de ma fille la nuit n’est pas quelquechose de linéaire, en grandissant, parfois il suffit que je sois là pour l’endormir et elle passe la nuit dans son lit (mais dans notre chambre) et il y a des périodes plus compliquées où elle vient dormir dans notre lit parce que c’est trop difficile.
Le moment de la sieste se passe relativement bien mais ce n’est pas la nuit.


En fait, je fais le choix que pleurer avant de s’endormir n’est pas une routine acceptable, que notre sommeil est vital pour elle comme pour moi, et surtout, j’ai pris conscience que mon propre sommeil est le reflet de ce qu’elle peut vivre.


En grandissant, nous avons essayé de mettre des mots sur ses ressentis.
Ce qu’elle nous décrit, c’est une peur de la nuit, du noir, de la porte, des bruits du chauffage,…
Bref, ces peurs irrationnelles qu’on ne peut pas calmer par une simple parole rassurante.

Et puis, il y a moi et mes propres peurs.
Se serait trop simple de dire que ma fille aurait des peurs et qu’elle serait responsable de cette situation.
La vérité, c’est que j’ai beau avoir 31 ans, si je me retrouve seule la nuit dans ma maison, j’ai peur.
Il y a quelques années, mon compagnon faisait les postes de nuit, quelle horreur !
Je m’endormais péniblement dans le canapé devant la télévision allumée toute la nuit et je me réveillais au moindre bruit suspect.
Pour la petite anecdote, au début, nous habitions en appartement, quand j’étais seule, je dormais dans la chambre avec la lumière de salle de bain allumée.
Une nuit d’été, je me suis réveillée paniquée, la lumière était éteinte.
J’ai couru très vite, je me suis retrouvée en culotte sur le balcon.
Mon cœur battait à toute allure, il a fallu 2 minutes à mon cerveau pour comprendre qu’il n’y avait rien d’anormal, simplement une coupure d’électricité générale du quartier.
Bref, ce n’était pas une présence malfaisante venue pour me torturer ou m’assassiner.
Et un de mes voisins qui promenait son chien a pu profiter du spectacle et se demander ce que cette fille faisait en culotte sur son balcon !

Bref, mes propres peurs, mes insécurités face à la nuit, je ne les maitrise pas alors comment je peux demander aujourd’hui à ma fille de 3 ans de se gérer mieux que moi-même, j’ai pris conscience que ce travail nous allons devoir le mener ensemble.

C’est déjà un premier pas dans la construction de nos futures nuits.

Parfois, cette situation m’embête, je suis contrainte de devoir monter dans la chambre très tôt pour l’aider à s’endormir et je pense qu’il me manque du temps pour moi.

Et puis la plupart du temps, en pensant çà, je me dis que c’est une passade, que dans 10 ans, elle sera adolescente, elle s’enfermera probablement dans sa chambre à longueur de temps et puis après elle commencera à découcher et un jour elle quittera le nid….

Alors je la regarde dormir, je serre sa main contre la mienne, je renifle son cou et ses cheveux et je me dis que j’ai beaucoup de chance de l’avoir près de moi.


Nuit sans larmes, parents debouts


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