Nous avions installé
son lit et un petit fauteuil pour pouvoir l’allaiter tranquillement sans devoir
descendre.
Et puis, le
16 Octobre 2014, ma fille est née.
Ce jour-là,
j’ai eu mon bébé dans les bras.
Le premier
soir à l’hôpital, elle s’était endormie et nous l’avons déposé dans son lit.
Nous étions
à peine endormis, qu’elle s’est réveillée, petite tétée et puis je l’ai regardé
longuement, j’ai somnolé toute la nuit entre l’extase de la sentir contre moi
et la fatigue qui me rattrapait.
Et puis
voilà, nous n’allions pas continuer à vivre dans cette chambre d’hôpital de
10m3, à la sortie de l’hôpital, nous avons immédiatement acheté un baby phone.
On a vite
compris que ce n’était pas efficace, aux premiers pleurs, il ne s’est pas
déclenché !..
En fait,
dans notre maison, une fois sur deux, le baby phone ne se déclenche pas.
La première
nuit à la maison fut difficile, au début, j’ai posé mon bébé dans son lit à
barreau, beaucoup trop grand pour elle, et je suis restée assise dans le
fauteuil à l’observer.
J’y allais
de temps en temps, est ce qu’elle respirait bien ? Oui, ouf…
Puis
l’allaitement, puis j’ai essayé de la remettre au lit, elle pleurait et
s’agitait alors on est descendu dans le canapé pour rester l’une contre
l’autre.
Le
lendemain, je me suis dit que les nuits ne pouvaient pas toute être ainsi à me
voir faire des allers retours incessants et à vivre difficilement cette
séparation.
Mon
compagnon m’a toujours surnommé « La Marmotte », j’ai toujours eu
besoin d’un grand sommeil, alors il
fallait que je puisse aménager des temps de repos pour assurer les 14 tétées
journalières qui scindaient mon sommeil.
Il fallait
qu’elle soit près de moi pour que je puisse me rassurer en ouvrant un œil que
tout allait bien.
Nous avons
loué un petit berceau transparent qui a intégré la chambre en se disant que
notre fille s’installerait provisoirement avec nous.
C’était il y
a 3 ans !...
Quand nous
avons rendu le berceau transparent, nous avons installé un lit à barreaux dans notre chambre.
De manière
générale, dès qu’on la posait dans un lit, elle se réveillait.
Régulièrement,
j’ai essayé de la mettre seule dans son lit pour s’endormir, nous avons essayé
toutes les techniques, l’enrouler dans une couverture pour ne pas que le
changement de température des bras vers le lit ne la réveille, techniques de
contorsion pour s’extirper de la chambre sans bruit, une fois au désespoir, j’ai
même testé le tant pis je vais la laisse pleurer un peu elle va finir par
s’endormir… et bien non.
Ses cris
dans la nuit, sa façon de se débattre en dormant et de se rendormir
instantanément parce qu’elle se rassure en posant une main sur ma joue, ce
qu’elle vit est intense et nous dépasse.
En période
d’angoisse, elle nous cherche perpétuellement.
Le sommeil
de ma fille la nuit n’est pas quelquechose de linéaire, en grandissant, parfois
il suffit que je sois là pour l’endormir et elle passe la nuit dans son lit
(mais dans notre chambre) et il y a des périodes plus compliquées où elle vient
dormir dans notre lit parce que c’est trop difficile.
Le moment de
la sieste se passe relativement bien mais ce n’est pas la nuit.
Ce qu’elle
nous décrit, c’est une peur de la nuit, du noir, de la porte, des bruits du
chauffage,…
Bref, ces
peurs irrationnelles qu’on ne peut pas calmer par une simple parole rassurante.
Et puis, il
y a moi et mes propres peurs.
Se serait
trop simple de dire que ma fille aurait des peurs et qu’elle serait responsable
de cette situation.
La vérité,
c’est que j’ai beau avoir 31 ans, si je me retrouve seule la nuit dans ma
maison, j’ai peur.
Il y a
quelques années, mon compagnon faisait les postes de nuit, quelle
horreur !
Je
m’endormais péniblement dans le canapé devant la télévision allumée toute la
nuit et je me réveillais au moindre bruit suspect.
Pour la
petite anecdote, au début, nous habitions en appartement, quand j’étais seule,
je dormais dans la chambre avec la lumière de salle de bain allumée.
Une nuit
d’été, je me suis réveillée paniquée, la lumière était éteinte.
J’ai couru
très vite, je me suis retrouvée en culotte sur le balcon.
Mon cœur
battait à toute allure, il a fallu 2 minutes à mon cerveau pour comprendre
qu’il n’y avait rien d’anormal, simplement une coupure d’électricité générale
du quartier.
Bref, ce
n’était pas une présence malfaisante venue pour me torturer ou m’assassiner.
Et un de mes
voisins qui promenait son chien a pu profiter du spectacle et se demander ce
que cette fille faisait en culotte sur son balcon !
Bref, mes
propres peurs, mes insécurités face à la nuit, je ne les maitrise pas alors
comment je peux demander aujourd’hui à ma fille de 3 ans de se gérer mieux que
moi-même, j’ai pris conscience que ce travail nous allons devoir le mener
ensemble.
C’est déjà
un premier pas dans la construction de nos futures nuits.
Parfois,
cette situation m’embête, je suis contrainte de devoir monter dans la chambre
très tôt pour l’aider à s’endormir et je pense qu’il me manque du temps pour
moi.
Et puis la
plupart du temps, en pensant çà, je me dis que c’est une passade, que dans 10
ans, elle sera adolescente, elle s’enfermera probablement dans sa chambre à longueur de
temps et puis après elle commencera à découcher et un jour elle quittera le
nid….
Alors je la
regarde dormir, je serre sa main contre la mienne, je renifle son cou et ses
cheveux et je me dis que j’ai beaucoup de chance de l’avoir près de moi.
Nuit sans
larmes, parents debouts
source image :
http://fr.hellokids.com/c_56926/lire-et-apprendre/livres-pour-enfants/moi-j-aime-la-nuit
Pixabay
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