Le 12 Mars,
nous apprenons que l’école va fermer ses portes.
Et puis
voilà très vite, une mesure tombe : le confinement.
Une mesure
déstabilisante par son caractère inédit et sa rapidité d’application.
On l’attendait
sans vraiment croire que çà arriverait.
Et tout à
coup, en une journée tout bascule, le quotidien change radicalement, chômage
partiel, écoles fermées, réunions familiales interdites, scènes de ruées et
rayons vides dans les supermarchés, attestation de sorties obligatoires et le
risque.
Mais où est
le risque ? Des informations contradictoires, un virus dont on peut être
porteur sain, déclenché des symptômes 15 jours plus tard, mourir en quelques
jours, un traitement existe, peut être oui - peut être non, faut-il porter un
masque ?
Ce virus
d’où vient-il ? Un complot, un laboratoire chinois, un pangolin ?
Que des
questions sans réponses…
Et pourtant,
voici une période de ma vie particulièrement heureuse.
Parce que
très vite, nous avons réalisé que nous avions la chance d’être protégés :
nous étions en bonne santé, avec un toit sur notre tête, la possibilité de
pouvoir acheter de la nourriture en limitant les contacts, la possibilité de
chômage partiel. Nous savions nos proches loin mais en bonne santé. L’essentiel
était là.
Au départ,
nous nous tenions à distance de l’actualité, pour protéger notre fille, nous
avons décidé au départ de lui dire que nous étions « en vacances ».
Cela donnait
un caractère beaucoup plus festif à cet enfermement, cela expliquait que nous étions disponibles
pour jouer et pour passer du temps ensemble.
Nous avons
essayé de conserver un rythme classique :
Se lever
vers 8h, petit déjeuner, se laver, faire les activités d’école, jouer, préparer
le repas et manger. L’après-midi,
sieste, gouter, jeux, diner et un petit film.
La télé
était coupée sauf pour le film du soir et la radio branchée sur RTL2 pour
écouter principalement de la musique.
La famille
et les amis proches nous manquaient beaucoup alors on s’appelait chaque semaine
juste pour s’envoyer des bisous.
Nous avons
intégré l’école à la maison sans problème grâce au soutien de la maitresse qui
nous apportait chaque semaine des activités dans la boite aux lettres et
j’avoue que j’ai eu beaucoup de plaisir à me sentir utile dans l’apprentissage
des savoirs essentiels comme écrire, lire et compter en essayant de proposer
une approche ludique.
Ce qui
marque dans cet arrêt brusque de la société c’est le retour à l’essentiel.
Notre grande
force c’est qu’étant en cheminement depuis quelques temps nous n’avons pas été
beaucoup déstabilisé.
J’en ai
profité pour faire du tri et du nettoyage à la maison, de la peinture, de la
couture, de la cuisine, des loisirs créatifs, des jeux dans le jardin une belle
opportunité de transformer une contrainte en opportunité.
Faire soi-même et le partager,
prendre le temps tout simplement, quelle chance!
Et en plus
le soleil était au rendez vous.
Lorsque j’ai
dû annoncer à ma fille que notre séjour familial en Vendée était annulé, il a
fallu poser des mots pour expliquer la situation sans faire peur.
Ce n’est pas
évident d’expliquer le « conaravirus » à son enfant et de lui
demander de porter un masque et d’appliquer des gestes protecteurs pour sortir
de la maison.
C’est
peut-être cela qui m’a peiné : expliquer à mon enfant qu’elle doit se
protéger du monde extérieur.
Je faisais
déjà un terrible constat de l’état du monde dans lequel nous étions mais cette
fois ci cela se concrétisait brutalement dans notre quotidien.
Mes
inquiétudes sur le réchauffement climatique, la destruction des écosystèmes,
les inégalités sociales …et les toutes les autres horreurs du monde, je les
garde au plus profond de moi, je protège mon enfant en l’épargnant de
l’actualité et en lui enseignant des valeurs qui me semblent importantes.
Alors nait l’illusion
du monde d’après : et si ce retour à l’essentiel dans tous les foyers
apportait une nouvelle conscience à chacun ?
Conscience
que la solidarité, l’entraide, la protection de notre environnement et des
êtres vivants, les commerces et échanges de proximité serait les bases à
intégrer dans notre société.
Arriverons-nous
à comprendre que nous dépendons les uns des autres.
Un article
de Charlie Hebdo disait « le confinement aura démontré 3 choses :
- notre
économie s’effondre dès qu’elle cesse de vendre des trucs inutiles à des gens
surendettés,
- il est
parfaitement possible de réduire fortement la pollution.
- les
personnes les moins bien payées sont les plus essentielles à son
fonctionnement »
Il m’est
arrivé d’être désespéré notamment début Mai en voyant des personnes prendre d’assaut
les centres commerciaux ou Mc Do et voir des déchets trainer sur le sol (comme
les masques et gants)
Parfois avec
colère, j’ai bougonné que notre espèce ne mérite qu’un virus qui viendrait l’exterminer.
Et puis, je
me dis que je ne peux pas laisser cette flamme s’éteindre, que si je ne crois
qu’un autre futur est possible qui le fera pour moi ?
Il faut préserver
cette graine d’espoir dans le fond de mon cœur qui me rend vivante et fais de
moi ce que je suis.
Plus que
jamais l’avenir est incertain, la force de ma génération sera sa capacité de
créer et de s’adapter.
Je garde
espoir en ce monde à créer pour le futur de mon enfant.
Doucement,
le déconfinement s’accélère et c’est là le plus difficile car j’avoue que nous
avons eu la chance de passer cette crise sans encombre en ayant des conditions
favorables.
Cette
parenthèse enchantée m’a montré la chance d’avoir un foyer aimant dans un environnement
calme car je ne l’aurais peut-être pas vécu si bien si j’étais enfermée sans
jardin sans contact avec la nature ou si j’avais été seule à mon domicile.
Je n’oublie
pas que ce confinement a aussi engendré la solitude, la violence et la peur
dans d’autres foyers.
Je reprends
petit à petit le rythme « normal » enfin le rythme « d’avant la
crise » car je ne pense que ce rythme soit « normal ».
Plus que
jamais je sens que j’ai besoin de passer le maximum de temps avec ma famille et
surtout avec ma fille.
Je n’aime
pas avoir cette sensation de course effrénée, devoir comptabiliser mon temps,
faire des plannings, optimiser mes trajets et mon temps pour faire le maximum
de tâches.
Je me sens conforté dans le cheminement que
j’emprunte depuis quelques temps :
le vrai Bonheur est dans les choses simples.
Merci à mon
mari et ma fille, compagnons de confinement, avec qui j’ai passée de beaux
moments de complicité.
Merci à ma
famille pour leurs appels réconfortants et pour la joie des retrouvailles
Merci aux amis
qui ont pris des nouvelles et échanger dans cette période
Merci à toi l’inconnu au détour d’un magasin qui a été
sympathique et m’a rendu le monde extérieur moins sauvage
Les grandes dates :
26/02/20 : premier décès d’un Français contaminé par le coronavirus
28/02/20 : passage au stade 2 de la situation épidémique
08/03/20 : le cap des 1000 cas franchi en France
12/03/20 : Allocution télévisée du président : fermeture des crèches, écoles, collèges, lycéees et universités
13/03/20 : interdiction des rassemblements de +100 personnes
14/03/20 : passage au stade 3 de la situation épidémique
16/03/20 : Allocution télévisée du président : information sur la mise en place des mesures de confinement