Souvent la
période de Noël rime avec bienfaisance, partage et générosité.
Cette année,
c’est un peu différent pour moi, j’ai jeté un homme à la rue.
J'aimerais vous dire que tout ceci est une farce mais non.
J'aimerais vous dire que tout ceci est une farce mais non.
Je l’ai fait
pour protéger mon grand-père et ma famille donc je suis totalement sereine concernant
les motivations de ce geste.
Cependant,
pour quelqu’un comme moi, qui souhaite cultiver le beau, c’est difficile de
constater que malgré de multiples et éreintantes tentatives, on ne peut pas
sauver quelqu’un qui n’a pas choisi de se sauver lui-même.
L’engrenage
terrible de l’alcool qui conduit à voler, mentir, manipuler, mettre en danger
sa vie et surtout celle d’autrui.
Depuis des
mois, une personne avait toutes les conditions matérielles et financières pour avoir
une autre chance de se reconstruire mais cela ne suffit pas.
L’illusion
de croire que tu peux sauver un homme en détresse alors qu’il n’a même pas
conscience qu’il a un problème, qu’il se néglige et qu’il n'a aucun scrupules à être un
danger pour les autres.
J’ai agi par
devoir, avec calme mais avec fermeté et détermination. Un peu comme une
machine.
A ce moment,
je n’ai ressenti aucune compassion et ce vide dans mon cœur est effrayant.
J’avais
auparavant ressenti de l’épuisement, de l’injustice, du dégoût, de la colère, oui
on peut devenir complètement insensible à force de cumuler toutes ces choses.
Et voilà,
comment une personne qui prône la bienveillance devient un imposteur.
Où cette
expérience m’apprend beaucoup, c’est que pour aller vers l’autre avec
bienveillance et ouvrir son cœur, le respect, la confiance et la réciprocité
sont importants.
Il m’a été
impossible de nouer cette relation avec quelqu’un qui ne respecte pas certaines
valeurs importantes à mes yeux.
Le mensonge,
le vol, la manipulation affective, la violence, la mauvaise foi, le jugement des autres ont complètement
bloqué ma compassion comme si un mécanisme en moi me demandait de me protéger
et bloquait toutes mes émotions.
Mon seul
regret c’est qu’à aucun moment le système sociale et judiciaire n’a pu nous
protéger rapidement.
Les procédures
de déclaration de situation préoccupantes auprès des assistantes sociales, les
mains courantes et visites au commissariat enclenchent des délais de prise en
charge démesurés face au risque encouru.
La sensation
de ne pas être protégé.
Et voilà
comment cette charge arrive sur nos épaules.
Un jour qui restera
particulier dans mon existence.
Je remercie
toutes les personnes qui m’ont apporté leur soutien, leur conseil et
leur écoute.
Merci aux
personnes qui m’ont accompagné ce jour précis et qui par leur seule présence m’ont
donné la force et le courage nécessaire d’agir.
Merci d’avoir
sauvé la vie de mon grand-père.
Merci d'apporter un peu de sérénité à
notre famille.
Avec l’espoir
que cette mauvaise expérience est désormais derrière nous et que cette personne puisse un jour apprendre à se respecter et à respecter les autres.
La famille ce n'est pas seulement les liens du sang,
C'est surtout celui qui te tient la main le jour où tu en as besoin.